Un groupe d’organisations sociales et politiques engagées en faveur de la démocratie et du peuple ont décidé de commenter ensemble les récentes élections au Venezuela, leurs résultats préliminaires, leurs lacunes et les conséquences qu’elles ont eues sur le pays ; et aussi proposer des solutions démocratiques à la situation actuelle.
Le 28 juillet a marqué une Journée extraordinaire de la citoyenneté, au cours de laquelle le peuple vénézuélien a exprimé sa volonté à grande échelle et, comme c’est déjà la tradition, a démontré une position démocratique résolue.
Cependant, divers événements ont entaché le processus et empêché une pleine confiance dans l’annonce des résultats par le président du CNE, Elvis Amoroso. Ceci comprend:
a) la plainte d’un des candidats qui a souligné que le Bulletin n° 1, lu par Amoroso aux premières heures du 29, n’a pas été imprimé dans la salle de dépouillement en présence des témoins des partis, comme l’exige le protocole;
b) la plainte de l’équipe d’un autre candidat, qui a souligné que le résultat annoncé par Amoroso, qui donnait le président sortant Nicolás Maduro comme vainqueur, ne correspondait pas au dépouillement de 80 pour cent des bulletins de vote présentés devant lui;
c) la proclamation de Nicolas Maduro comme président élu, même si 20 pour cent des bureaux de vote (soit plus de 2 millions de voix) n’avaient pas encore été dépouillés, ce qui aurait pu modifier le résultat final ;
d) la dénonciation par le Président du CNE que la plateforme électorale, considérée comme invulnérable, a été massivement piratée, ce qui a entraîné l’interruption de la transmission des données le 28 août, et
e) la non-publication des résultats désagrégés, tableau par tableau, comme ce fut le cas plusieurs heures après les tours de scrutin précédents, empêchant ainsi le contrôle citoyen du processus. La force du système électoral vénézuélien, qui a fait ses preuves lors de dizaines d’élections, réside dans sa transparence et sa vérifiabilité. Dans ce cas, il existe des faits et des allégations qui diminuent considérablement ces caractéristiques et, par conséquent, affaiblissent la crédibilité des annonces partielles du CNE.
Suite à l’annonce d’Amoroso, une vague de mobilisations de masse a eu lieu dans les principales villes du pays, contestant le résultat annoncé par le Conseil national électoral. Cela s’est produit surtout dans les quartiers populaires. C’est un fait remarquable. Contrairement à d’autres mobilisations contestant les résultats des élections dans un passé récent, celles-ci n’ont pas eu lieu dans les zones à revenus moyens et élevés traditionnellement associées à l’opposition politique de droite, mais dans des quartiers et des villes qui étaient autrefois au centre du mouvement. processus politique et social dirigé par le président Hugo Chávez.
La grande majorité de ces manifestations étaient pacifiques : des gens dans les rues, des marches spontanées, des claquements de casseroles, des slogans. Certaines d’entre elles ont donné lieu à des actes de violence, à des actes d’agression déplorables contre des militants du PSUV, des maisons du PSUV et d’autres biens. L’État a réagi en criminalisant généralement les manifestations, les qualifiant toutes de violentes et terroristes. Il a poursuivi plus de 1 000 personnes et activé non seulement les forces de sécurité mais aussi les civils qui ont tiré avec des armes sur les manifestants et, dans certains cas, arrêté des personnes portées disparues.
Hier, 31 juillet, le président Nicolás Maduro s’est adressé à la Chambre électorale du TSJ pour demander son intervention dans un processus de totalisation qui n’est pas encore terminé et dans l’enquête sur les crimes électoraux présumés.
Compte tenu de ces faits, nous soulignons ce qui suit :
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La démocratie et le plein exercice de la souveraineté populaire à travers le droit de vote pour élire la plus haute autorité du pays sont menacés par les échecs et les omissions du CNE. En ce sens, nous demandons au CNE de respecter les protocoles d’auditabilité et de publier les résultats désagrégés, tableau par tableau, dans les plus brefs délais. En premier lieu, les recteurs du CNE sont chargés de maintenir la paix de la République pendant cette période, conformément à leur mandat constitutionnel.
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Nous défendons le droit du peuple vénézuélien à manifester. La mobilisation et l’expression sont des moyens d’obtenir davantage de droits, de formuler des revendications justes et de provoquer des changements. La grande majorité des manifestations qui ont eu lieu entre le 29 et le 31 juillet étaient pacifiques et légales, et en ce sens nous remettons en question la criminalisation générale opérée par le gouvernement. Nous exigeons que le Bureau du Médiateur enquête sur la légalité des nombreuses arrestations, la situation des droits humains des personnes détenues, la validité des délits qui leur sont imputés par le Bureau du Procureur général (terrorisme, incitation à la haine), ainsi que les actions illégales des des civils armés qui ont agi avec la connivence de l’État.
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Nous rejetons fermement les expressions de haine et de violence contre les militants du PSUV et les maisons du PSUV par un petit groupe de manifestants et exprimons notre solidarité avec leurs familles et leurs camarades militants. Ces incidents doivent faire l’objet d’une enquête appropriée et être punis.
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Nous estimons que les activités du TSJ dans le processus en cours de totalisation et d’audit ne peuvent pas contribuer à la transparence et à la rapidité nécessaires du processus. Le chemin vers la paix et la démocratie exige que le CNE travaille de manière transparente, vérifiable et rapide. Toute mesure institutionnelle qui fait obstacle à cela contribue à générer de la violence et affaiblit les garanties des droits politiques de la population.
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Nous saluons les positions des gouvernements du Brésil et de la Colombie, qui s’accordent sur l’exigence de transparence et de vérifiabilité du processus dans le cadre de la législation vénézuélienne, comme garanties de la paix et du plein exercice de la démocratie.
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Enfin, nous invitons les organisations du camp populaire et démocratique à former un large front qui nous permettra, quelles que soient nos différences, de nous unir pour la démocratie vénézuélienne et la défense de nos droits civils, politiques et sociaux, gravement bafoués. aujourd’hui.
La Otra Campaña, Voces Antiimperialistas, Bloque Histórico Popular, Movimiento Popularalternative, Frente Nacional de Lucha de la Clase Trabajadora et Partido Comunista de Venezuela