La Chine veut creuser un fossé entre les États de l’UE. Mais l’économie et la géopolitique forcent l’unité.
Nul besoin de lire le marc de café pour décrypter les calculs stratégiques du voyage de Xi Jinping en Europe. Il suffit de jeter un coup d'œil à son projet de voyage : la France comme première destination est principalement due à la rhétorique d'Emmanuel Macron, qui veut positionner l'Union européenne plus autonome stratégiquement – en d'autres termes : plus indépendante des intérêts des États-Unis.
Lors de sa visite en Serbie, l'objectif principal de Xi est d'envoyer un message anti-OTAN au public national ; après tout, c'est le 25e anniversaire de l'attentat à la bombe contre l'ambassade de Chine à Belgrade par un bombardier furtif américain. Et puis Xi se rend en Hongrie, entre autres pays, le pays de l'UE qui se distingue non seulement par ses tendances pro-russes, mais est également considéré comme une porte d'entrée pour les intérêts géopolitiques de la Chine. Ainsi, comme c’est si souvent le cas avec Xi Jinping, les signaux sont contradictoires : la carotte et le bâton.
Pendant de nombreuses années, Pékin a pu monter les États européens les uns contre les autres sur la base du principe « diviser pour régner ». En fait, cela fonctionne toujours à merveille : chaque fois que le chef de l'État chinois promet un meilleur accès au marché pour les constructeurs automobiles allemands ou les entreprises de luxe françaises, la solidarité européenne n'est plus loin.
Menace géopolitique de la Chine
Mais en fin de compte, l’approche de Xi atteint ses limites, et cela s’explique par des raisons à la fois économiques et géopolitiques. D'un côté, la surcapacité massive de la Chine et une politique de subventions qui fausse la concurrence forcent littéralement l'Union européenne à s'unir. Autrement, comme l’a clairement indiqué la présidente de la Commission Ursula von der Leyen lors de son entretien avec Xi Jinping, l’UE risquerait de se désindustrialiser.
À cela s’ajoute la menace géopolitique de la Chine, qu’il est devenu impossible pour la plupart des États européens d’ignorer, du moins depuis la guerre d’agression russe en Ukraine. Pékin fournit à Moscou des machines-outils et des biens à double usage qui font fonctionner la machine de guerre de Poutine. Dans le même temps, malgré les sanctions que Pékin lui-même a approuvées, il soutient également le régime nord-coréen, qui à son tour a donné un énorme coup de pouce à l'armée russe grâce à ses exportations d'artillerie. En outre, la Chine achète 90 pour cent des exportations iraniennes de pétrole brut.
La nouvelle guerre froide est avancée
En bref : la formation de blocs internationaux et le danger d’une nouvelle guerre froide, contre lesquels Xi Jinping met toujours en garde dans ses déclarations, sont activement encouragés, notamment par le positionnement de la politique étrangère de la Chine. Et si l’Europe veut être prise au sérieux dans ce nouvel ordre mondial, elle doit alors mettre de côté ses intérêts purement nationaux et trouver une voix unie. Et dans ce contexte, les tentatives de la Chine visant à creuser un fossé entre les États européens se révèlent de plus en plus évidentes.