J’ai eu de bonnes conversations avec HTS
Il existe de nombreux groupes d’intérêt et centres de pouvoir en Syrie. Les Kurdes dominent dans le nord-est. Ils sont fiers de leur autonomie, mais ne prévoient pas de créer leur propre État en Syrie après la chute d’Assad. Mais une autre question politique pourrait bientôt être résolue.
Les unités kurdes soutenues par les États-Unis en Syrie affirment qu’elles n’envisagent pas de faire sécession du nord-est du pays qu’elles contrôlent. Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS) à direction kurde, Maslum Abdi, a assuré dans une déclaration écrite envoyée à l’agence de presse AFP qu’il était « pour l’unité et l’intégrité du territoire syrien » et contre « tout projet de division qui porterait atteinte à l’unité du territoire syrien. » « menacerait le pays ».
Abdi a en outre expliqué que les FDS soutiennent les nouveaux dirigeants syriens afin qu’il y ait une stabilité dans le pays, « afin d’ouvrir la voie à l’établissement d’un dialogue constructif entre les Syriens ». Dans le même temps, il a souligné qu’il était de la responsabilité des nouveaux dirigeants de Damas de parvenir à « un cessez-le-feu dans toute la Syrie ».
Ces dernières semaines, des combats meurtriers ont eu lieu à plusieurs reprises dans le nord de la Syrie entre des unités des FDS et des combattants soutenus par la Turquie. Fin décembre, le commandant des FDS Abdi a rencontré les nouveaux dirigeants syriens. Dans sa déclaration désormais publiée, il a qualifié les discussions de « positives ».
Les Kurdes syriens contrôlent une grande partie du nord-est du pays, riche en pétrole. Lors de la guerre civile qui a éclaté en 2011, ils y jouissaient d’une autonomie de fait. Les FDS, soutenues par les États-Unis, ont joué un rôle crucial dans la défaite de la milice djihadiste de l’État islamique (EI) en Syrie en 2019. Cependant, la Turquie considère les unités kurdes des YPG, qui appartiennent aux FDS, comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’Ankara, l’UE et les États-Unis qualifient d’organisation terroriste.
La France et les USA pourraient sécuriser la frontière
Toutefois, compte tenu des tensions entre la Turquie et les Kurdes syriens, le déploiement de soldats français et américains à la frontière nord syrienne est en discussion. « Les États-Unis et la France pourraient effectivement sécuriser l’ensemble de la frontière », a déclaré mercredi le haut représentant kurde Ilham Ahmed, cité par TV5 Monde. Ils sont préparés pour une opération militaire correspondante. La frontière entre le nord de la Syrie et le sud de la Turquie s’étend de la Méditerranée jusqu’en Irak.
Une personne proche du dossier a également indiqué que des négociations étaient en cours. Cependant, on ne savait pas au départ à quel point ces projets étaient avancés ou prometteurs. Les déclarations de la Turquie, des États-Unis et de la France n’étaient initialement pas disponibles.
Du point de vue de Washington, les FDS sont essentielles pour empêcher une résurgence de l’EI – d’autant plus qu’elles contrôlent également les prisons et les camps de prisonniers où sont internés les djihadistes de l’EI. Toutefois, du point de vue du gouvernement d’Ankara, la Turquie pourrait assumer cette tâche à l’avenir.
La peur d’une montée en puissance de l’EI
Les observateurs craignent que l’EI puisse profiter du vide de pouvoir consécutif à la chute d’Assad pour gagner à nouveau du terrain en Syrie. Malgré la destruction de leur califat brièvement établi en Irak et en Syrie, les djihadistes restent présents dans les deux pays.
Les combattants dirigés par les islamistes HTS ont pris Damas le 8 décembre, mettant ainsi fin au règne d’Assad en Syrie, qui durait depuis plusieurs décennies. La Turquie est un soutien important du HTS. L’influence turque en Syrie s’est donc accrue depuis le coup d’État.
Le HTS est issu du Front Al-Nosra, la branche syrienne du réseau terroriste Al-Qaïda, mais affirme n’avoir plus aucun lien avec Al-Qaïda depuis 2016. Son patron, Ahmed al-Sharaa, qui s’appelait auparavant Mohammed al-Julani, est un modéré. Fin décembre, il a déclaré que les unités kurdes devraient être intégrées dans la nouvelle armée nationale syrienne.
Malgré les critiques internationales, la Turquie poursuit ses opérations dans le nord de la Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, plus d’une centaine de combattants sont morts en deux jours de combats la semaine dernière. Mercredi, les autorités kurdes ont signalé la mort de cinq civils lors d’une attaque dans une zone contrôlée par les FDS dans la province d’Alep.