Le Mexique déclare l’eau et la durabilité un droit humain national

Mexico. L’Accord national sur le droit humain à l’eau et à la durabilité a été signé au Mexique. Il constitue la base du Plan national de l’eau du gouvernement, qui vise à promouvoir l’utilisation durable des ressources en eau et leur gestion responsable.

De nombreux représentants du monde politique, des communautés et du monde des affaires ont participé lundi à la cérémonie de signature.

La ministre mexicaine de l’Environnement, Alicia Bárcena, a parlé d’un « moment historique » et d’un tournant dans la politique de l’eau du pays. L’accord marque un changement de paradigme par rapport à l’extractivisme, à la privatisation et aux politiques néolibérales en matière de ressources. L’accent est désormais mis sur la reconnaissance de l’eau comme un droit fondamental et comme un bien national et public.

Pour mettre en œuvre le plan eau d’ici 2030, le gouvernement prévoit d’investir 20 milliards de pesos l’année prochaine.

Avec cet accord, le gouvernement et les États fédéraux, plusieurs directions d’universités, de districts, d’unités d’irrigation et de communautés autochtones ainsi que des représentants du secteur privé s’engagent sur dix principes communs.

Un élément essentiel est le retour de l’eau à la propriété de l’État : 67 districts et unités d’irrigation fournissent à l’État un total de deux milliards de mètres cubes d’eau. En outre, les entreprises du secteur de l’eau ont annoncé qu’elles restitueraient 126 millions de mètres cubes d’eau et investiraient dans des processus de production plus économes en ressources qui soutiendraient les projets des communautés locales.

Des mesures d’adaptation au changement climatique sont également prévues. Cela comprend la renaturation des rivières Lerma-Santiago, Atoyac et Tula ainsi que des projets de reboisement à grande échelle. En outre, des campagnes éducatives visent à promouvoir l’utilisation durable de l’eau dans les ménages privés. L’accord vise à mettre l’accent sur la coopération entre les secteurs public, privé et social.

Au Mexique, le droit à l’eau potable est inscrit dans la constitution. Pourtant, douze millions de personnes vivent sans accès à l’eau potable. Selon la Commission nationale de l’eau, seulement 64,4 pour cent de la population disposait d’un raccordement à l’eau potable en 2018.

Le pays est confronté depuis de nombreuses années à des pénuries d’eau croissantes et à la sécheresse. En janvier 2024, des manifestations contre l’insuffisance de l’approvisionnement en eau et la privatisation des ressources en eau ont éclaté à Mexico.

Actuellement, 157 sources d’eau souterraine appartiennent à des sociétés transnationales. Les entreprises des secteurs de l’immobilier, de l’automobile et des mines détiennent des licences pour l’utilisation privée de l’eau.

En signant l’accord, la présidente Claudia Sheinbaum a annoncé une révision du cadre juridique des concessions. À l’avenir, l’acquisition de permis d’eau pour les entreprises sera soumise à des conditions plus strictes afin de garantir une répartition plus équitable et une utilisation durable de cette ressource.