Sanctions contre le Niger levées : la Cedeao ne veut pas reculer

L’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest lève les sanctions contre le régime putschiste du Niger. On espère que le Niger, le Mali et le Burkina Faso ne partiront pas.

COTONOU | Tolérance zéro pour un changement de gouvernement anticonstitutionnel : lors de la deuxième réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ce mois-ci, le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, a tenté d’utiliser des mots clairs à Abuja, la capitale du Nigeria. Depuis le coup d’État au Niger fin juillet 2023, un gouvernement militaire dirigé par Abdourahamane Tiani est aux commandes.

Et cela ne montre aucun signe d’établissement d’un calendrier électoral. Le président déchu Mohamed Bazoum reste également en détention, bien plus longtemps que les autres présidents déchus – Ibrahim Boubacar Keïta, renversé au Mali en 2020, ou Roch Marc Christian Kaboré, que l’armée burkinabè a destitué en 2022.

Néanmoins, les sanctions de la CEDEAO contre le Niger sont désormais en grande partie levées avec effet immédiat. Il s’agit notamment de la fermeture des frontières terrestres et aériennes, du gel des avoirs de la banque centrale et de l’État, de la suspension des transactions commerciales et de l’interdiction de voyager pour les membres du gouvernement et leurs proches.

La décision a été prise pour des raisons humanitaires, explique Touray. Il y a une justification religieuse à cela : le mois de jeûne musulman du Ramadan approche à grands pas. Les chrétiens seraient déjà en Carême.

Mali, Niger et Burkina Faso contre le reste

La Cedeao est particulièrement inquiète d’une chose : les trois putschistes ont annoncé qu’ils quitteraient l’alliance. Ils le considèrent comme contrôlé depuis le Nord, en particulier par leur ancienne puissance coloniale, la France, et considèrent les critiques comme une ingérence. Les conséquences du retrait annoncé seraient graves pour les deux parties et sont loin d’être entièrement prévisibles.

L’espace économique commun se rétrécit. Des visas pourraient être nécessaires, la monnaie commune pourrait s’effondrer. La libre circulation des personnes ne s’appliquera alors plus aux citoyens des trois États. La migration en Afrique de l’Ouest s’effectue principalement à l’intérieur de la région, et la liberté de voyager est considérée comme la plus grande réussite de la Cedeao.

Omar Alieu Touray fait donc la promotion de son séjour et propose des conférences. Les avantages sont énormes pour les trois pays. En 2019, ils ont reçu 100 millions de dollars pour lutter contre le terrorisme. Comme le précise la Cedeao, ils participent à des programmes de développement conjoints. A eux seuls, ils n’auraient plus de lobby au niveau international à travers la Cedeao ou l’Union africaine.

Toujours pas de date d’élections au Sénégal

En revanche, la situation au Sénégal, qui s’inscrit résolument dans le camp occidental de la Cedeao et où un nouveau président aurait dû être élu dimanche, a reçu beaucoup moins d’attention. Il y a trois semaines, le président Macky Sall a annulé de manière inattendue la date des élections, ce que l’opposition a qualifié de « coup d’État », et le Parlement a reporté les élections au 15 décembre.

Il y a dix jours, la Cour constitutionnelle a annulé cette décision et précisé que le mandat de Sall se termine comme prévu le 2 avril et que le nouveau chef de l’Etat doit être déterminé avant cette date.

Le Sénégal attend depuis plus d’une semaine une nouvelle date d’élection. Mais Sall ne fait aucun commentaire et souhaite en revanche tenir des pourparlers, ce que rejettent 16 des 19 candidats.

De nouvelles manifestations ont eu lieu ce week-end dans la capitale Dakar. Dimanche, de nombreux Sénégalais ont posté des photos d’eux et de leurs cartes d’électeurs devant des bureaux de vote fermés.